Ferme pédagogique du lycée agricole de Radinghem - Hauts-de-France

Témoignage

Expérimenter, produire et enseigner à l’échelle locale

Fiche d'identité de l'exploitation

Superficie

Cultures à destination du troupeau laitier : 50,4 ha de cultures fourragères et 27 ha de céréales et oléo-protéagineux auto-consommés

Exploitant

Ferme du lycée agricole de Radinghem, dans le Pas-de-Calais. Dirigée par Frédéric Grattepanche, elle compte 2,7 équivalents temps plein.

Exploitation

80 vaches Prim’Holstein ainsi qu’un atelier ovins viande de 60 brebis.

L’alimentation des élevages alentour s’articule principalement autour du maïs, du soja importé et d’ensilage d’herbe, avec peu d’accès au pâturage », constate Frédéric Grattepanche, directeur de l’exploitation du lycée agricole de Radinghem, dans le Pasde- Calais. Son troupeau de vaches laitières n’échappant pas à la règle, le lycée a réalisé en 2015 un diagnostic CAP’2ER® dans l’optique d’améliorer son empreinte carbone. Des pistes de progrès ont été identifiées et une reflexion s’est amorcée avec les acteurs agricoles de la région sur les solutions réalisables. Depuis le printemps 2016, l’exploitation expérimente l’autonomie alimentaire. Les 80 vaches laitières ont été réparties en deux groupes. L’un est nourri selon le schéma classique de la région, l’autre à partir d’aliments produits localement. 75 % des ingrédients de la ration proviennent de la ferme. Le reste est complété par des co-produits d’industries agro-alimentaires situées dans un rayon de 100 km autour de l’exploitation. Une brasserie de la région lilloise lui fournit des drèches* et une sucrerie voisine des pulpes de betteraves surpressées qui sont utilisées comme fourrage pour nourrir les vaches laitières.

Remplacer le soja importé par la féverole locale

Le colza produit sur 7 hectares, transformé par une usine de trituration se trouvant à 25 km, revient sur l’exploitation sous forme de tourteaux gras. « Nous nous sommes complètement affranchis du soja », souligne Frédéric Grattepanche. Les vaches pâturent les prairies permanentes et temporaires d’avril à octobre et l’herbe est récoltée en ensilage pour l’hiver. Le troupeau s’alimente ainsi pour moitié à base d’herbe en période hivernale. L’équipe enseignante n’a pas hésité à se lancer dans la production de plantes jusqu’alors peu cultivées sur les plateaux du Pas-de-Calais, à l’image de la féverole. « Cette légumineuse contient des protéines, mais elle est sensible aux précipitations et aux faibles températures », rappelle Frédéric Grattepanche. Sur le plan nutritionnel, un kilo de féverole équivaut à 500 g de soja et un kilo de céréales. En stockant naturellement l’azote dans le sol, cette plante contribue à des économies d’engrais de l’ordre de 40 à 50 kg/ha pour la culture suivante. L’exploitation compte désormais dix cultures différentes dans ses rotations, avec le retour également de la luzerne et des betteraves fourragères.

Élargir l’enseignement et initier le changement

Changer de pratiques implique aussi de revoir l’enseignement. « L’exploitation possède un plus gros potentiel pédagogique car les systèmes de production que nous expérimentons sont plus complexes que de simples rotations maïs-blé », témoigne Frédéric Grattepanche. La dynamique initiée par les professeurs pour réduire l’empreinte carbone trouve écho auprès des étudiants. En 2015, ils ont planté de jeunes arbres sur 6,2 hectares pour développer l’agroforesterie et favoriser ainsi le stockage du carbone. La finalité de toutes ces démarches est bien sûr l’appropriation par les agriculteurs. « Nous souhaitons montrer que des progrès sont réalisables sans pour autant chambouler tout le système de production de l’éleveur », assure Frédéric Grattepanche.

L’engagement des éleveurs dans une réduction du bilan carbone prend du temps car les pratiques sont mal connues, mais notre ferme sert d’exemple.

Le troupeau autonome reste aussi productif que le modèle classique et engendre des économies, particulièrement l’été où les dépenses alimentaires sont réduites grâce au pâturage. Le directeur d’exploitation envisage de réaliser un nouveau diagnostic CAP’2ER©. Ce travail est réalisé en étroite collaboration avec la Chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais et notamment avec la conseillère référente du dossier : Virginie Halipré. Une étude technico-économique pour chaque lot de vaches sera également mise en place en partenariat avec le Groupe d’étude et de développement agricole du Haut-Pays, afin de constituer un référentiel fiable pour les exploitants et les étudiants.

Diagnostic CAP'2ER
* Système avec une surface de plus de 40 % en maïs
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